Colloque 2i Ile-de-France : les principaux enseignements
Pour approfondir les enjeux prospectifs de l’interindustrie, et y répondre, OPCO 2i a proposé un colloque le 12 octobre dernier sur le thème "Entreprises industrielles d'Ile-de-France : agir et répondre collectivement aux besoins en compétences". À l’aune des transformations de l’industrie, les intervenants ont analysé l'impact de ces enjeux sur les compétences et examiné l’adéquation de l’offre de formation.
Pour la première fois, OPCO 2i Ile-de-France organisait un débat où se mêlaient les résultats d’une étude menée par l’Observatoire compétences Industries sur le territoire industriel francilien et des tables rondes afin de dégager des pistes d’actions pour anticiper les compétences des entreprises franciliennes. L’occasion selon Florence Rambaud, présidente de 2i Île-de-France, « de mobiliser les acteurs de l’écosystème de la formation professionnelle en leur proposant des pistes d’action, pour innover ensemble et répondre aux enjeux de compétences de l’industrie du futur ».
Une étude pour agir
Le cabinet Helevato a scruté pendant 7 mois l’industrie francilienne, interrogeant plus de 150 entreprises et des dizaines de structures et d’acteurs. L’étude offre un panorama des emplois et des compétences mobilisées, et propose 24 monographies de branche montrant la dynamique des entreprises du territoire. La métallurgie occupe une place prépondérante en Île-de-France (333 700 emplois), devant l’industrie pharmaceutique, la chimie ou les industries électriques et gazières. Et certaines branches y sont fortement concentrées : le recyclage, la bijouterie joaillerie orfèvrerie, la couture et l’habillement.
L’intelligence collective ne sera pas de trop pour relever les défis : besoins en recrutement importants, tensions sensibles sur certaines formations (conception, plasturgie, mécanique, mécatronique), féminisation… Et si l’apprentissage apparaît comme un levier intéressant, reste à mobiliser plus fortement encore les PME !
Amplifier et coordonner les actions de promotion pour orienter vers les métiers porteurs
Comme d’autres, les branches de l’industrie sont confrontées à des problématiques de recrutement, mais pas toujours en raison d’un manque d’attractivité des métiers, car certains font briller les yeux… Pour Laurent Baup, délégué général de la Fédération de l’horlogerie, il s’agit avant tout d’avoir un discours de réalité sur les métiers – artisanat d’art ou industrie ? – et d’avoir des « jeunes bien formés, aux bons endroits, sur des métiers techniques et spécifiques ».
En lien avec le comité stratégique de filière de la mode et du luxe, une campagne “Savoir pour faire” a débuté en 2019, et permet de porter un discours commun aux neuf branches de la mode et du luxe. Films, podcasts, plateforme Internet, l’opération séduction a abouti à 2 millions de contacts sur les réseaux sociaux…
Attractivité des métiers
Séduire, c’est aussi ce que s’attache à faire depuis près de 20 ans la branche de la chimie avec son Village de la chimie, dont la prochaine édition se déroulera les 10 et 11 février 2023 à la Cité des sciences et de l’industrie. Si les premières éditions s’attachaient à valoriser des métiers peu connus – la chimie, « il y en a partout » souligne Gilles Lemaire, délégué général de France Chimie en Île-de-France, y compris dans les baskets des sportifs de haut niveau – depuis quelques années, le Village permet de trouver des stages et des emplois ! Avec de forts besoins et une pyramide des âges défavorable, la chimie cherche notamment des profils transverses, comme des « chimistes commerciaux », mais aussi des techniciens et des opérateurs…
Acculturer les conseillers aux métiers de l’industrie
Hubert Larney, du service développement économique dans les territoires de Pôle emploi Île-de-France, ne peut que les encourager à se rapprocher de l’opérateur… Avec le GIM, un « Pacs a été conclu » indique-t-il, pour acculturer les conseillers aux métiers de la métallurgie, aussi variés qu’innovants, loin de l’image passéiste parfois véhiculée… Salons en ligne, en phygital, refonte du ROME pour mieux coller aux réalités… les leviers de l’opérateur sont nombreux.
OPCO 2i accompagne ses 32 branches et les outille pour les faire connaitre des territoires et des prescripteurs. Ce n’est pas une activité hors sol, il faut toucher parents, jeunes, demandeurs d’emploi… Tous sont des ambassadeurs potentiels.
-Responsable Promotion et Attractivité des métiers, OPCO 2i-
Nouvelles technologies, nouvelles compétences, comment les intégrer aux formations ?
Les technologies numériques bouleversent toutes les branches… L’industrie pharmaceutique en a identifié neuf avec un impact particulier sur les compétences : solutions multitechnologiques en santé, intelligence artificielle, cybersécurité, réalité virtuelle ou augmentée… « Le Leem a pris le taureau par les cornes », précise Bastien Hervé du Penhoat, son responsable emploi-formation, en permettant notamment la formation de tous les salariés aux enjeux de cybersécurité, via l’Académie digitale en santé conçue avec les organismes de formation de la branche.
Plusieurs grandes entreprises ont également créé un campus digital biotech, à l’heure où 40 % des médicaments produits relèvent des biotech. Plus ardue, l’adaptation à la transition écologique : une mutation qui n’est pas encore dans les attendus des autorités de santé, mais qui va prendre toute son importance dans les prochaines années.
L’industrie 4.0 en ligne de mire
Christophe Aufort, directeur de l’Aforp qui accompagne près de 4 000 apprenants par an, admet que parfois, l’offre va plus vite que les besoins des entreprises… Si le Campus Fab, créé il y a cinq ans, permet de répondre aux attentes de l’industrie 4.0, certains modules peinent à convaincre. Ainsi la continuité numérique de la chaîne de production, développée pour Safran, est arrivée trop tôt sur le marché… Pour le directeur, les entreprises ont parfois du mal à identifier précisément leurs besoins en compétences, ce qui nécessite de bien les accompagner. Soumis à la contrainte « d’individualiser les formations tout en les massifiant », l’Aforp a répondu à l’appel à projets Deffinum. Retenu, son projet prévoit 2 200 briques de formation adaptables aux besoins des apprenants. De quoi « révolutionner le modèle ».
Nos études doivent servir aux branches et aux organismes pour adapter les formations aux besoins. Nous travaillons à vulgariser davantage les données et à mieux les mettre en visibilité. Un autre levier est d’utiliser la formation en situation de travail et le contrat de pro expérimental pour répondre à des besoins immédiats pour lesquels l’offre est inexistante ou inadaptée.
-Directrice Études et Prospective, OPCO 2i –
Accroître l’offre de formation
« L’offre de formation est hétérogène, constate Christine Clément, chargée de mission emploi-formation au GIM : concentrée dans l’Ouest francilien, comme le montre l’étude, ce qui induit des problèmes de mobilité et de logement ; pas suffisamment bien identifiée ni lisible ; et pas toujours adaptée, notamment dans la voie professionnelle, où les taux d’insertion sont insuffisants ».
Pour certains métiers, les sessions de formation sont bien à disposition, mais elles ne trouvent assez leur public, en dépit des dispositifs idoines et des financements supplémentaires. C’est le constat dressé par Bruno Guizot, Direction qualification et métiers au conseil régional d’Île-de-France : les marchés passés dans le cadre du Plan régional emploi formation prévoyaient 8 000 places pour l’industrie. Seules 55 % ont été « consommées ». Pour les techniciens de maintenance, qui font pourtant cruellement défaut, 19 % seulement des places ont été « consommées ».
Une meilleure relation école/entreprise…
En jeu : les difficultés croissantes pour attirer et recruter des candidats. L’Éducation nationale, qui veut « booster » ses comités locaux éducation économie (CLEE), organise en avril prochain la première université régionale de la relation école entreprise. De quoi ouvrir les portes, et mieux faire communiquer ces deux univers, selon Véronique Blanc, déléguée régionale académique adjointe à la formation professionnelle initiale et continue. Deux guides sont par ailleurs en préparation : l’un à destination des entreprises, l’autre des enseignants.
…et une meilleure coordination entre acteurs
La Drieets, qui a recruté des délégués à la reconversion en Île-de-France (Darp) pour accompagner les démarches RH des entreprises dans les secteurs fragilisés et dans ceux en tension, met aussi en avant le Pric, le PIA et le FNE-Formation pour faire évoluer l’offre et favoriser la montée en compétences, par la voix de David Anglaret, responsable du service Développement des compétences. Du côté de l’opérateur de compétences interindustriel OPCO 2i, c’est une évidence : « il y a les moyens, les ambitions, les convictions, et les motivations pour agir, selon Stéphanie Lagalle-Baranès, directrice générale. La clé est sans aucun doute une meilleure coordination entre acteurs pour être collectivement plus efficaces. » Au travail !
Le résumé de ce colloque
Vous souhaitez en savoir plus sur le colloque ?
Visionnez l’intégralité des débats sur notre chaine YouTube.
- Les règles de prise en charge
- L’alternance et l’apprentissage
- Promotion par l’alternance (Pro-A)
- Plan de développement des compétences
- Catalogue de formations « Actions clés en main »
- Certification des compétences professionnelles
- Gestion du parcours professionnel
- L’AFEST et la nouvelle définition de l’action de formation
- Transition collective
- Le compte personnel de formation CPF
- Contribution formation professionnelle et alternance
- Subventions